L’expatriation : source de montagnes russes émotionnelles

Réussir à intégrer un nouveau pays n’est pas forcément chose facile. Même en excluant les difficultés relatives au visa, réellement s’adapter à une culture différente représente de nombreux challenges. Lorsque l’on voit des gens voyager, ou des personnes en expatriation ; notre premier réflexe, très souvent, sera d’avoir des étoiles pleins les yeux et de penser à la « chance » qu’ils ont d’être dans un nouveau pays. On ne se rend pas compte, et surtout on ne sait pas, que changer d’environnement demande beaucoup de courage et de ténacité pour continuer à le faire. Au contraire, on a une vision très romantisée du voyage : on ne pense qu’aux bons côtés.

SOMMAIRE :
La beauté du commencement : le voyage c’est génial !
Choc et réalisation : qu’est-ce que je fais ici ?
Introspection et ajustement : ce n’est pas ce que j’imaginais, mais je m’y fais
S’adapter enfin : je me sens bien où je suis et en accord avec moi-même
Ce qu’il faut retenir

TEMPS DE LECTURE : 5 min

La beauté du commencement : le voyage, c’est formidable !


En réalité, s’adapter à un nouveau pays ne se fait pas du jour au lendemain. C’est un processus qui prend du temps et qui va nous challenger sur qui l’on est foncièrement ainsi que notre manière de voir le monde. Cela commence généralement par une phase de lune de miel. On arrive dans un nouveau pays et tout nous semble merveilleux et excitant. On aura habituellement un sentiment d’euphorie et de forte curiosité face à la nouveauté.

Attention, il convient d’ajouter une exception. La phase de lune de miel va souvent être vécue par des personnes qui ont eu le choix sur leur destination. Dans certains cas, cette décision est forcée : fuite (car pays trop dangereux), accompagnement du conjoint, problèmes financiers… Pour ces personnes-là, la première phase n’a pas forcément lieu et ils arrivent dans ce pays avec des à priori ou des pensées négatives.

Au bout d’un moment, la personne qui voyage va faire face à un événement / un comportement / un lieu qui va bouleverser son état d’esprit. On parle alors de choc culturel : une expérience intense de dépaysement que l’on peut ressentir en se confrontant à une culture différente de la nôtre.

L’ampleur de ce choc culturel et son incidence dépendent du degré de préparation de la personne face à la culture qu’elle découvre. Des personnes ne s’attendant à rien, vont éprouver un fort choc culturel dont il sera parfois difficile de sortir au vu de son imprévisibilité. En connaissance de cause, ce choc peut être présent, mais moins impactant.


Choc et réalisation : qu’est-ce que je fais ici ?


Le choc culturel enclenche la 2ème phase de l’adaptation que l’on nomme : la confrontation. Ici, l’individu va prendre conscience de sa différence comparée au pays dans lequel il se trouve. Cela peut amener de la désorientation ainsi qu’un sentiment de rejet et d’isolement.

C’est à ce moment-là que l’on commence à remettre les choses en question : nos choix, nos comportements, notre vision du monde / des autres / de soi-même. Ce dont on ne se rend pas forcément compte au départ, c’est qu’aller à la rencontre d’une nouvelle culture, c’est en réalité se confronter à soi-même.

Baigner dans une nouvelle culture pousse finalement à la comparaison entre nos comportements et ceux des autres. On va alors faire face à la manière de penser et d’agir que notre propre environnement nous a inculqués sans que l’on ne s’en rende forcément compte, dès la naissance. Cela peut être très perturbant au début, en particulier lorsque l’on ne s’y attend pas.

La phase de confrontation invite à prendre un temps pour se recentrer sur soi. Le choc culturel remet en question notre identité : les comportements que l’on a intégrés, qui l’on est, comment est notre rapport aux autres. Cela peut amener beaucoup de confusion, d’où le doute, la solitude et la désorientation qu’on peut ressentir lors de cette phase.


Introspection et ajustement : ce n’est pas ce que j’imaginais, mais je m’y fais


C’est en acceptant de faire un travail d’introspection, se comparer à l’autre et accepter la différence, qu’une personne pourra accéder à la 3ème phase : l’ajustement. Ici, l’individu aura réussi à accéder à un compromis entre l’excitation ressentie lors de l’arrivée et la désorientation causée par le choc culturel.

Dans ce cas de figure, on va avoir des personnes qui s’ouvrent à la nouvelle culture dans laquelle ils se trouvent : apprentissage de la langue, interaction avec les locaux…

Il peut y avoir encore quelques difficultés d’ajustement, mais, cette fois-ci, ces dernières ne sont pas vues comme insurmontables. La mentalité change : « il y a des choses encore difficiles, mais je peux les surmonter. Je trouve plaisir dans d’autres choses, je ne suis pas dans le rejet de ce nouvel endroit ». Ces personnes vont être plus enclin à la découverte des tenants et aboutissants de la nouvelle culture. L’environnement extérieur n’est plus vu comme un danger.


S’adapter enfin : je me sens bien où je suis et en accord avec moi-même


Si cette acceptation continue à faire son chemin, on arrive dans la 4ème phase : l’adaptation. Ici, on va observer un changement complet de la vision de soi et de son environnement. L’individu va mettre en place diverses stratégies d’adaptation afin de pouvoir s’intégrer pleinement dans le nouveau pays. Les coutumes de la nouvelle culture sont intégrées et acceptées simplement comme une autre manière de vivre sa vie.

Il est beaucoup plus facile d’interagir avec l’environnement extérieur. La personne va prendre du plaisir à se trouver dans ce nouveau pays, et pourra même avoir des difficultés à retourner dans son pays d’origine. Il est important à noter que dans cette dernière phase, ce n’est pas l’environnement qui a fait changer l’humeur de l’individu, mais bien lui-même. En changeant son attitude envers ce nouveau pays, en étant ouvert et en acceptant les différences qu’il a pu rencontrer, il devient alors beaucoup plus simple de s’acclimater.

Ce qu’il faut retenir

L’adaptation dans un nouveau pays peut se comparer à des montagnes russes. Elle se fait par différentes étapes :

                            1 : Lune de miel ==> excitation du début de voyage

                            2 : Confrontation ==> Choc culturel + désillusion

                            3 : Ajustement ==> Compromis entre euphorie vs choc

                            4 : Adaptation ==> Acceptation des différences + intégration dans la nouvelle culture

Pour sortir de la phase de confrontation, une remise en question de soi et de la culture qu’on a intégrée depuis notre naissance est nécessaire. Grâce à un travail d’introspection, on peut dépasser le choc initial et commencer à s’intégrer pleinement.

  

Bibliographie

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Genest, S., Gouin-Bonenfant, M., & White, B. (2021). Choc culturel. Anthropen.

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