Voyage et introspection, ces deux concepts sont-ils réellement liés ?
Se retrouver dans un endroit qui partage une culture différente de la nôtre n’est pas chose facile. Alors oui, au départ, on peut avoir les étoiles pleins les yeux, se dire qu’on peut faire tout ce qu’on veut, et penser que le monde s’étend devant nous.
Cette excitation, ce sentiment d’euphorie que toute personne qui voyage peut ressentir ne dure malheureusement pas. Pour certains, lorsque ce sentiment commence à descendre, c’est le signal pour eux de changer d’endroit : « mmh, je commence à m’ennuyer », « rien ne me fait envie ici », « je pense que j’ai besoin de nouveauté ».
Ce dont on ne se rend pas forcément compte au début, c’est que le réel problème ne vient pas du pays, mais de nous-même. On peut passer une vie entière à changer constamment d’endroit, en ressentant toujours un vide à l’intérieur de soi.
On le cache en se persuadant qu’on « n’est pas fait pour la routine », qu’on « manque d’aventures ». La réalité est cependant fort différente.
Sommaire La folie du voyage ! Descente et confrontation à la réalité : voyage et introspection Prise de conscience et remise en question Je suis une nomade : le voyage pousse à l’introspection Temps de lecture : 5 min |
La folie du voyage !
Comme beaucoup, je suis passée par là, cette envie de me déplacer constamment, de voir de nouveaux paysages, de rencontrer de nouvelles cultures, déguster des mets différents.
Je pensais m’être trouvée dans le voyage : c’est ça dont j’avais besoin, juste cette liberté, être hors des normes et faire ce dont j’avais envie. Comme bon nombre de voyageurs, je me mentais à moi-même. La réalité, c’est que je voulais fuir.
J’en avais marre de ce système français où ta valeur dépend de ton travail. J’en avais marre de toujours donner trop et de ne jamais me faire passer en premier.
La réponse facile a donc été de partir, loin, et pendant longtemps. Cependant, peu importe les pays que je voyais, il y avait un moment de « down ». Dans ces phases-là, je me sentais toujours un peu seule.
J’avais l’impression d’être bizarre : j’étais en voyage, les gens rêvent de ça ! Pendant ce temps, au lieu de profiter pleinement, je broyais du noir. Je ne savais pas vers qui me tourner.
Descente et confrontation à la réalité : voyage et introspection
Ce dont je ne me rendais pas compte, c’est que je n’étais pas la seule à ressentir ça. Cette phase de descente, de confrontation à la réalité, elle fait partie intégrante de l’expérience du voyage.
Pour s’adapter à un pays, on va avoir ce moment de choc culturel, qui nous permettra, par la suite, de mieux se comprendre nous-même et ensuite les autres.
Cette confrontation pousse à l’introspection : on se rend compte de notre manière de penser en voyant la différence avec la façon de penser de la nouvelle culture.
C’est un processus normal et nécessaire dans l’adaptation à un nouveau pays. En acceptant cette différence, on va alors commencer à faire un travail sur soi et à ouvrir ses horizons.
Nos comportements ne seront plus uniquement réalisés par notre culture d’origine, mais également en évolution grâce à la nouvelle culture. Pour se rendre compte de ça, et pouvoir avoir des rapports plus apaisés, un travail sur soi est nécessaire.
Prise de conscience et remise en question
Dans mon cas, ça a été déclenché par un ras-le-bol complet. J’en ai eu marre de faire comme si ce vide à l’intérieur de moi, qui me bouffait, n’existait pas.
Je me suis confrontée à lui, je l’ai accepté. Au lieu de me dire « trouvons un autre pays », je me suis mise à penser « quel est mon réel besoin ? ».
J’ai fait des randonnées, parler à mon entourage et beaucoup écrit. J’ai repensé à mon parcours, à ce que j’avais vécu jusqu’à maintenant et pourquoi le voyage me plaisait autant.
J’ai compris ce qui me manquait : du sens. Je voyageais sans but précis. Passant d’un pays à un autre et « collectant » les tampons de visa tel un dresseur Pokémon.
C’est finalement ça qui ne m’allait pas. Ce sens, je l’avais perdu en France déjà et le voyage n’était qu’un pansement, une solution provisoire, sur une blessure toujours présente et béante.
J’étais partie en voyage pour fuir la pression sociale d’une vie française. L’objectif était de s’en distancier le plus possible.
Cependant, voilà, en réalité, j’avais envie de travailler ; mais de travailler selon mes propres choix et envies et non avec un système de 9h-17h enfermée dans une entreprise. Le voyage m’a montré que ce type de vie nomade était possible. J’aime toujours autant le voyage, mais je me rends compte de l’importance de m’installer quelque part pour une longue période. M’ancrer dans le moment présent, dans le pays qui me plaît à cet instant-là, est ce dont j’ai besoin.
Je suis une nomade : le voyage pousse à l’introspection
Maintenant, je ne fuis plus. Je ne ressens pas l’envie de changer de pays constamment.
J’apprécie chaque jour de ma vie d’expatriée et je prends mon temps. J’ai compris que les pays seraient toujours là.
Je peux voyager quand j’en ai envie. Cependant, il est tout aussi important d’avoir une base, un endroit où planter ses racines.
Cet endroit n’est pas obligatoirement son pays d’origine. Dans mon cas, pour l’instant, je m’ancre au Guatemala et ça me suffit.
Il m’a fallu tout un temps de réflexion, de confrontation à moi-même, de dépassement de mes pensées limitantes pour réussir à en arriver là.
Conclusion
Alors, si tu as l’impression d’être bizarre ou différent parce que tu es en voyage, si tu es perdu et que tu ne trouves plus de sens pour l’instant ; sache que tu n’es pas seul.e. Chaque voyageur ressent ça, ou l’a ressenti à un moment.
Te sentir mal en voyage, ne veut pas dire que tu es anormal. Cela montre juste qu’il y a des sujets, à l’intérieur de toi, auxquels tu as besoin de te confronter pour avancer. Tu n’as pas à le faire tout.e seul.e. Si tu le souhaites, on peut en parler.
C’est dans cette optique que j’ai spécialisée ma pratique de psychologue pour les voyageurs. Je comprends ce qu’ils peuvent ressentir car je suis aussi passée par là. L’isolement et l’impression d’être totalement différent sont des expériences que j’ai moi-même vécues.
Laisse-moi te dire que c’est okay. N’oublie pas : l’important n’est pas ce que les autres pensent, mais plutôt ce qu’y toi va te faire du bien ! Fais tes choix en accord avec tes besoins, et tu verras, tout se fera plus facilement !