Sélectionner une page

J’ai peur de rentrer en France après mon voyage

Gestion des émotions
4.08.2025

As-tu déjà eu peur de rentrer après un long voyage ? Tu sais, ce moment où, après une multitude d’aventures, tu te dis qu’il est temps de revenir dans ton pays d’origine. Et là, sans comprendre pourquoi, tu sens le stress monter. 

En tout cas, c’est ce qui s’est passé pour moi lorsque j’ai décidé de revenir après une longue période de vie à l’étranger. Sache que, cette peur, on est beaucoup à la ressentir. 

Dans ma pratique de psychologue, c’est une problématique que je rencontre souvent. Dans cet article, je t’explique d’où cette peur de rentrer peut venir et je te donne des outils pratiques pour t’en sortir. 

I.Pourquoi peut-on avoir peur de rentrer ?

Si tu ne l’as jamais expérimenté, il va peut-être te paraitre bizarre de penser que l’on peut avoir peur de rentrer « chez soi ». Pourtant, c’est bien là d’où vient le problème. Après avoir rencontré différentes cultures, après avoir pris en compte d’autres manières de voir le monde, nos comportements et notre vision vont évoluer.

Le doute peut alors doucement s’insérer dans notre esprit : Et si j’avais trop changé ? Et si, je rentrais et tout me paraissait étranger ? ». Ce questionnement met mal à l’aise. En tout cas, c’est l’expérience que j’en ai. Laisse-moi t’expliquer mon point de vue.

A) Mon histoire personnelle : rentrer après 2 ans et demi de vadrouille

voyage japon

Pour cela, on doit revenir quelques années en arrière. J’ai commencé à voyager en sac à dos en Octobre 2019.

D’abord avec une amie, puis en solo. Au départ, je devais rester 1 an au Japon.

Au final, dû à diverses circonstances, je me suis retrouvée à faire un mini tour du monde.

J’ai donc pu visiter : le Japon, Taïwan, la Thaïlande, le Cambodge, la Malaisie, Le Mexique, les États-Unis, le Honduras et le Guatemala.

Pendant cette aventure, j’ai eu des hauts et des bas, vu des paysages extraordinaires, rencontré des personnes d’horizons différents, et j’ai beaucoup appris sur moi-même. Si tu veux en savoir un peu plus, je décris tout mon voyage dans cet article.

Lorsque je suis arrivée au Guatemala, cela faisait presque deux ans que je voyageais, sans être rentrée une seule fois. Mes proches me manquaient, et je voulais me lancer en tant que psychologue en libéral, ce qui m’obligeait à rentrer en France pendant un temps.

C’est là qu’un problème est apparu : rien que le fait de penser à rentrer me mettait la boule au ventre.

J’avais une avalanche d’interrogations qui m’envahissait l’esprit : «Est-ce que j’ai trop changé ? Est-ce que je ne vais pas trop déprimer là-bas ? Est-ce que repartir dans une routine sera ennuyeux ? Vais-je réussir à repartir si j’en ai envie ? »

Garder tout ça dans mon esprit ne faisait qu’empirer les choses. J’ai commencé à parler de cette peur autour de moi, avec d’autres voyageurs. Je me suis vite rendu compte que l’ont été nombreux à vivre une expérience similaire.

Pourquoi sommes-nous autant à avoir peur de rentrer dans notre pays d’origine ? C’est un environnement que l’on connait. Cela ne devrait donc pas être stressant, non ?

B) Les enjeux cachés derrière la peur de rentrer

On pourrait penser que rentrer après un moment à l’étranger est la partie la plus facile de l’expatriation. La réalité est tout autre.

Oui, on va retourner dans un endroit qui est censé être familier, avec une culture que l’on connait, qui fait partie de nos racines. Le « problème », c’est que l’expérience du voyage provoque des changements en nous.

Pour s’adapter à un nouveau pays, on va intégrer certaines parties de la culture dans laquelle on se trouve.

Notre identité culturelle va donc évoluer et restera changée, même en rentrant.

Retourner dans son pays de naissance, c’est finalement devoir faire face à un environnement dont on n’a plus l’habitude.

Ce changement sera d’autant plus difficile en fonction de l’écart entre notre culture d’origine et la culture étrangère dans laquelle on a vécu pendant un temps.

N’oublions pas non plus que, si notre personnalité a changé, il y a de fortes chances pour que les relations avec nos proches dans notre pays d’origine se modifient également.

L’incertitude de ce qui peut se passer est une grande source d’anxiété.

En plus de cela, vivre à l’étranger va de pair avec l’intensité.

Au départ, on va avoir un million de nouvelles informations. Tout est nouveau, on repart de zéro.

On a l’impression de faire des découvertes en permanence.

voyageuse qui a peur de rentrer

Ce n’est pas le cas lorsque l’on rentre dans sa terre natale.

Ce changement de rythme de vie peut être assez violent si l’on ne s’y prépare pas à l’avance. Penser à rentrer, c’est finalement avoir peur de se retrouver avec des moments de vide où l’on va se retrouver à ruminer des pensées négatives auxquelles on ne veut pas faire face.

En réalité, avoir peur de rentrer n’est pas anormal. Nous sommes beaucoup à ressentir cela après un temps passé dans un autre pays. Ressentir du stress n’est pas un problème. Par contre, cette émotion n’a pas à nous submerger entièrement au point d’avoir des symptômes physiques.

Se préparer mentalement à son retour est donc important.

II.Outils pratiques pour diminuer la peur de rentrer

Il n’est pas obligatoire de subir un retour. Si tu sens le stress monter dès que tu penses à revenir, alors il est temps de passer à l’action ! Rester avec tes pensées stressantes ne fera qu’empirer ta situation.

Les outils que je te propose dans cette partie sont des choses que j’ai moi-même testées dans la période avant de revenir en France pour la 1ʳᵉ fois. C’est aussi ce que je recommande à mes patients et qui fonctionne pour bon nombre d’entre eux.

A) La lettre d’au revoir pour diminuer la peur de rentrer

Tu ne le sais sûrement pas, mais je suis une grande fan d’écriture. Pour moi, c’est un outil puissant pour nous permettre de nous enlever le poids de nos pensées difficiles et pour prendre de la distance avec notre situation.

Comme premier outil pour t’aider à préparer ton retour, je te propose de rédiger une lettre d’au revoir à ta vie d’expatrié ou de voyageur. Attention, je ne suis pas en train de dire qu’il faut marquer un point final et que tu ne revivras plus jamais quelque chose de ce genre.

Regarde ça plutôt comme la fin d’un des chapitres du livre que représente ta vie. Avant de passer à la prochaine page, il est important de mettre un point final à la partie d’avant. C’est à cela que te servira cette lettre.

stress voyage lettre

Sur un papier, tu vas donc marquer sous forme de lettre d’au revoir :

  • Les événements marquants de ton aventure : autant les aspects positifs que les aspects plus difficiles. Quelles rencontres ont été impactantes ? Quels paysages / expériences t’a laissé sans voix ?
  • Ce que ce voyage t’a appris sur toi-même : tu as sûrement évolué après ce temps passé sur une terre inconnue. Comment étais-tu au début comparé à maintenant ? Qu’as-tu compris de toi-même ?
  • La vision que tu as du monde actuellement : avec la culture différente dans laquelle tu as évolué, de quelle manière vois-tu les gens qui t’entourent ? Lorsque tu penses à ta vie d’avant, dans ton pays d’origine, y a-t-il des choses que tu changerais ?
  • Un mot de gratitude envers cette aventure qui se finit : pour conclure ta lettre sur une bonne note et prendre conscience de ce que le voyage a pu t’apporter.

Prends le temps d’écrire cette lettre.

Tu n’as pas à tout finir en une session. Je te conseille de commencer cet exercice dans un endroit confortable et silencieux où tu pourras réellement prendre le temps pour toi.

N’hésite pas à étaler cette tâche sur plusieurs jours et à y revenir lorsque tu en ressens l’envie.

L’important n’est pas d’aller vite, mais plutôt de bien le faire. 

B) S’autoriser à vivre ses émotions

Après bientôt 6 ans de voyage, je me rends compte à quel point revenir dans son pays d’origine, c’est devoir faire un deuil de son pays d’accueil. On va avoir tendance à mettre de côté nos émotions et à les caser dans un coin lointain de notre cerveau, car cela nous parait plus simple.

C’est au contraire en faisant face à notre peine que l’on va pouvoir s’en libérer. Sinon, on ne fait qu’accumuler des pensées négatives qui nous mettent à fleur de peau. Cela augmente le risque que tout explose à un moment inopportun et sur un sujet qui ne devrait pas nous toucher autant.

À la différence des stéréotypes que tu peux entendre sur le voyage, sache que :

  • Tu as le droit d’être triste : être expatrié est loin d’être la vie de rêve que tant de médias nous font croire. C’est une vie intense qui nous en fait voir de toutes les couleurs.
  • C’est normal d’avoir peur de rentrer : revenir, c’est devoir se réadapter à nouveau. C’est faire face, de nouveau, à des changements.
  • C’est ok de se sentir frustré et de ressentir des émotions contradictoires : oui, tu peux être à la fois excité.e de rentrer, triste de finir ton aventure à l’étranger et stressé.e du retour. L’inconnu fait toujours peur !
femme anxieuse

Toutes les émotions que tu ressens sont valides, et il est important de les exprimer. N’hésite pas à partager ce que tu ressens avec d’autres voyageurs. Ils seront les mieux placés pour te comprendre !

Cela te fera un bien fou de trouver une communauté de personnes qui te comprennent et partagent ce que tu ressens. Avoir du soutien dans ces moments-là est une source de bien-être mental.

C) Le journal de transition

Ce qui est difficile avec la peur de rentrer, c’est que le stress a tendance à nous paralyser. On se retrouve envahit de pensées qui nous embrouillent et, pour ne pas y faire face, on repousse au lendemain. Problème : plus on repousse, plus la date fatidique approche, moins on a envie d’y être.

Plutôt que d’attendre anxieusement ton vol, je te propose de créer une liste avec ce qui peut te donner envie dans le fait de revenir dans ton pays d’origine. Après tout, revenir n’a pas à être entièrement une mauvaise expérience.

écrire sa peur

Pose-toi les questions suivantes :

  • Qui as-tu envie de revoir le plus dans tes proches ?
  • Quelle nourriture a pu te manquer pendant ton voyage ?
  • Y a-t-il des activités que tu ne pouvais pas faire à l’étranger et qui sont plus faciles d’accès dans ton pays d’origine ?
  • Quels coins de nature ou villes / villages t’ont manqué le plus en partant ?

Ici, le but est de commencer à penser, en douceur, à ta transition. Trouver des activités sympas à faire, des personnes qui te font sourire, à voir, de la nourriture qui t’apporte du confort, t’aidera à réveiller l’envie de rentrer.

Je sais que cela fait peur de rentrer. Tu n’as pas à y penser tous les jours. Même une fois par semaine pourra t’aider à mieux apprivoiser ton retour.

Conclusion

Mon dernier conseil est le suivant : prend chaque jour tel qu’il est. Prévoir le futur sur le court terme est aidant. Par contre, tu n’as pas à prévoir la prochaine année entière. Dans les moments où on se sent déstabilisé, c’est en se concentrant sur le moment présent que l’on arrivera à mieux s’ancrer dans notre environnement.

Revenir sera challengeant, mais cela pourra t’apporter aussi de nombreuses choses. Le retour dans ton pays ne veut pas dire que tu ne voyageras plus jamais. Cela peut être un moment de transition pour faire le point sur ta vie actuelle et ce dont tu as envie pour le futur.

Alors, même si tu as peur, ne baisse pas les bras. Tu n’es pas le/ la seul.e à ressentir cela ! Dans le cas où tu aurais besoin d’un accompagnement pour t’aider à dépasser ton stress, sache que je peux t’aider.

Tu peux en savoir plus sur ma pratique en cliquant ici et / ou réserver une consultation grâce à ce lien.

Ils vont sans doute vous intérésser :

Comment se remettre du burn-out du voyageur ?

Comment se remettre du burn-out du voyageur ?

Tu as sûrement déjà entendu parler du burn-out dans un contexte professionnel. Savais-tu que l'on peut aussi le retrouver lorsque l'on voyage ? Le burn-out du voyageur est insidieux et on peut facilement ne pas s'en rendre compte, car on est loin d'imaginer que cela...